On met de la couleur [Pv DA member only]

Pour une fois qu’Akemi ne serait pas en retard à un cours ! Ce n’était pas dans ses habitudes de sortir de sa léthargie nocturne. Nonnnnnnnnnnn, la plupart du temps, il montait à fond sa radio, laissant planer son rock hard métal, remplir la chambre, lisait quelque chose sans voir les mots, en rire jusqu'à ce qu''il en devenait subitement épuisé. Aujourd'hui, ça serait autre chose. Oui, oui, le paresseux. Lève-toi de ce foutu lit. Tu dormiras plus tard. Akemi laissa un soupir, se retourna vers sa radio qui crachait le son d'une guitare. L’adolescent lui lança un regard terne. Dans le néant le plus dégoûté. Pas que le rouquin fut friand de sortir alors que les cours étaient fini...Le fait qu'il allait encore devoir assoir son cul sur une chaise. Ça ne l'enchantait guère. De la torture. Oui. LA TORTURE. Enfin... la torture serait de ne pas éclater de rire dans ce foutu local désinfecté. De ne pas agir en con comme il... Rahhhhhhhhhhhh, non mais il ne pouvait pas se taire celui-là. Fébrilement, il chercha la manette dans ses draps. Zap... zap... appuyer frénétiquement sur les touches. Mute, ferme-là... Zut ! Ça c'était le bouton du son. ''T'as boite'' Fini, zap... muet. Ouf... Le silence. L’américain se laissa tomber dans son lit. C’était étrange qu’on fût en fin d’après-midi et on le croyait presque levé du mauvais pied. La colère de se morfondre se faisait beaucoup présente dans ses soirées. Le rouquin se retourna d’un bord puis de l’autre, fixant le ciel orangé par ses fenêtres. Il allait devoir prévoir ce qu’il allait faire dans ce local… Son regard s’arrêta sur un sac à dos neuf au pied du lit puis le cadran. Le temps filait, allez… Lève-toi. Va t’occuper. L’idée de reprendre une dose planait dans son esprit, un court moment. Il se sentit trembler… d’effroi. Pour se calmer, ses mains prirent le sac qui se souleva avec des bruits métalliques qui s’entrechoquaient. Il allait devoir bientôt entrer dans la salle des arts. Il devait être présentable. Le garçon se refit une beauté express, revêtit une chemise blanche, un jeans troué par ses propres soins, des baskets.

Il sortit, longeait les longs corridors. De jolies boucles rousses se promenaient dans son cou. Oui, oui… Ce n’était pas tous les jours qu’Akemi se faisait beau. Pour une fois, il avait subitement eu un excès de coquetterie. Pour une fois, le roux ressemblait à quelque chose ! Ça lui avait fait drôle, mais finalement, le résultat lui plaisait. C’était pour lui et non pour les autres principalement. Quoi qu’il en soit, ses pas le conduisaient vers le fond, vers un couloir caché. Relents de peinture et de boiserie coupée. Le coin des artistes. Plus, il avançait, plus son angoisse se transforma en bonne humeur.

Il sourit les clés du local d’art entre ses phalanges l’insérera dans la serrure. Déclic, Clic. Ça allait barder ce soir. Il avait hâte comme un petit gamin. Hâte de voir qui sera là, qui lui crierait de lui foutre la paix. Son sourire s'agrandit encore plus. Ça lui faisait tellement étrange de se sentir euphorique sans sa dose. Délicatement, il retira les clefs qu’il inséra dans une poche, entra alluma les interrupteurs. Bon… Il était arrivé et remarqua que la salle n’avait que quelques tables et chaises. L’étudiant remarqua les murs blancs… Oh, mais ça sera superbe cela ! Rapidement Akemi vida le contenu de son sac sur le bureau du professeur. Bombes, feutres, pastels, gouaches, pinceaux, papiers, colles, gants… Bref, tout un artisanat pour redonner une beauté à ces murs. Ils auraient besoin d'un peu de musique, le reste de ses cds sur un coin particulier, Akemi s'assoyit sur le bureau, les jambes croisés. Toisant la classe vide d'un regard brillant.

«Bonsoir, ce soir le cours sera très simple, on bombardera les murs d'impulsions... euh... artistiques. Je veux pas de bonhommes allumettes, soyez un peu créatifs, laissez votre imagination s'exprimer»

Il se tut.

« Les instruments à votre disposition sont à mes côtés, il y aura aussi de la musique. Pas de complaintes, je suis pas votre dj. On va faire une fresque tous ensemble. Au fait, vous pouvez me surnommer Nezumi. Des questions ? »

Silence. Parfait...

Il devait combler les silences avant qu’ils arrivaient. Qui ? Ceux-là. Ceux-ci. Des gens qu’il ne connaissait pas. Lui qui avait horreur de se retrouver devant les classes pour de simples oraux, le voilà servi. IL ALLAIT ENSEIGNER. Parfaitement, même s’il débiterait des conneries comme à son habitude. C’était normal de toujours paraitre cool, mature -très rarement- et sympathique… mais pas de confiance en lui pour les oraux. Il ne fallait pas lui faire confiance, d’ailleurs le rouquin foirait toujours ses examens de blablatage. Par manque de contenu surtout. Bref, Akemi savait pertinemment qu’il avait parlé tout seul en les attendant. Rien de nouveau là dedans. À vrai dire, le silence était depuis toujours son ennemi. Il ne l’aimait que lorsqu’il touchait à sa drogue, mais cela c’était pour une autre histoire, tout comme ceux de ses exposés. Et puis, aujourd'hui son ‘’handicap’’ ne lui causerait pas de problème, c'était lui le prof. Enfin, pas de cons à cravate avec des lunettes de tortues avec des airs de conspirateur dans un coin sombre de la classe. Qui regarde l’intéressé. ''Oh.. Intéressant, 12 sur 20 mon cher'' S’il y avait un qui se présentait dans la salle et bien ça sera sa fête. Ou presque.... Parce qu'en bon élève qu'il était,. -Chose qu'il n'était pas de toute manière-, Akemi saurait empresser de vider son gallon de peinture sur le représentant... En trop élève modeste qu’il était... Bien évidemment, à cette heure personne ne se risquait dans les classes et ça serait tant mieux. Il redescendit lentement de sa bulle. Ce cinéma l'avait catapulté sur un petit nuage contre toute attente. Son sourire étrangement sadique heureux s’évanouit graduellement. Des rires ? Bon on s’éclatait sans lui. Ou de sa drôle de tronche. Peut-importes, il avait l'habitude avec ses cheveux roux. Il se retourna vers la porte et crut apercevoir une petite blonde. Il lui sourit instinctivement. Oui, il la connaissait effectivement. Ciel… Ça faisait bon nombre de fois qu’il la recroisait par pur hasard. Ce soir encore. Il ne savait pas ce qu'elle lui avait dit, il avait trop occupé dans son délire de peinture.

«Yo»

Il lui fit un salut de la main, la rabaissant presque aussitôt. Regrets ? Pas vraiment... Simplement, trop con. Qu'il pouvait être con, trop amical, expressif parfois dans sa gestuelle. C'était souvent par manque de tact, qu'il agissait comme un éternel adolescent. Le type trop cool et relaxe, mais pas mature pour un sou. Trop impulsif, trop peu soucieux de sa personne. Trop enfant de bonne fortune sous ses airs de rebelle. Pour se sortjr de ses réflexions, son regard vert s'attarda sur le minois de la blondinette, puis erra de la silhouette à ces tables rondes et gratifiés de jolis graffitis au marqueur. Quelques instants. À peine effleuré. Parce qu'il ne voulait pas qu'elle s'imagine des choses... Jamais être trop insistant parce qu'on allait se manger une claque dans la figure.

* Yo… Tu parles d'une façon de dire salut, toi*

« Tu prends une chaise voyons, Ciel... Je ne vais pas te manger. »

Air coquin, air trop peu professionnel.

*De mieux en mieux *

Il lui montra d’une main en faisant comme un maitre d'hotel, les sièges délaissés et ne put rien rajouter de plus. Non parce qu’un brunet venait de faire son apparition. Tout comme l'adolescente, il l'avait déjà croisé quelques fois. Simplement une connaissance de plus... Monsieur Potions et drogues qui débarquait comme une fleur dans l'eau. Sans demander... Akemi le regardait, en haussant un sourcil ‘’Ah oui ?’’. Rien de plus, puis il lui fit un signe en inclinant sa tête dans la direction des chaises.

« Tu peux faire comme Ciel. »

*Comme tout le monde j’imagine *

Au poubelle, les manières polies. Ça l'avait toujours exacerbé, alors voilà, on les oublie. On devient plus sec, ils n'auraient qu'à subir son enthousiasme et son côté brusque. C'était tout. D'ailleurs, Akemi avait déjà eu cours avant de s’enfermer dans sa piaule… Moui, il l’avait quitté lorsqu’il allait être à la moitié, mais ce n’était que détail futile. Il se retourna, bougeant un peu sur son piedestal en bois. Alors qu'est-ce qu'on attendait encore de lui ? Ah oui, le cours, les directives. Bof... Ils pouvaient s'en passer, non ? Il n'était pas un perroquet.

«J'imagine... Que vous avez déjà gribouiller quelque chose. Donc... »

Même si elle avait une Intonation de question, la demande restait beaucoup plus une affirmation pour l'américain. Il ne cherchait pas à savoir qui avait du talent ou non. Ni qu'on lui réponds nécessairement, lui aussi quelques fois, ses oeuvres restaient des graffitis.

« On peut se réserver nos parties sur les murs. Des objections ? »

Petit sourire moqueur. Un brin amusé, parce que c'était la première fois qu'il improvisait si bien. Rien de méchant envers ses collègues, simplement comme cela. Trop spontané. Peut-être fake... pour certains. Cependant, Aki n'allait pas s'en plaindre.